Cycle menstruel : ce qu’il vous révèle sur votre santé

Par Carole Thiebault, du blog 28 jours de la vie d’une femme.

Votre cycle menstruel vous déprime ? Vous aimeriez parfois être ménopausée pour (enfin) être tranquille ? Ne plus avoir vos règles et tout ce que cela implique ?

Et si votre cycle était au contraire une source d’informations sur votre état de santé global ? Pour beaucoup de femmes, cela bouleverserai leur regard sur leur cycle et les règles. Prenons le risque de bousculer les croyances.

Découvrez 4 signes qui le montrent.

Des signes objectivables

La glaire cervicale

La glaire cervicale est sécrétée par quatre types de cellules différentes qui se situent, comme le nom l’indique, au niveau du col de l’utérus. Il s’agit d’un mucus dont l’aspect change en fonction du cycle ovarien.

L’eau est un composant majeur de la glaire cervicale, avec des substances biochimiques comme le chlorure de sodium (le sel), des enzymes ou encore des glycoprotéines (ou molécules de mucus). Ceci dit il y a un lien direct entre votre niveau d’hydratation et la sécrétion de glaire cervicale.

Vous n’observez pas de glaire ? Peut-être ne buvez-vous pas suffisamment d’eau durant vos journées. Cette considération prend une importance particulière lorsque vous êtes en désir d’enfant quand on comprend l’importance de la glaire cervicale dans la fertilité.

Bien s’hydrater :

– Boire au minimum 1 litre d’eau par jour (les tisanes et le café ne comptent pas)

– Boire de petites quantités régulièrement tout au long de la journée (rien ne sert de boire ½ litre d’eau en rentrant chez vous parce que vous avez oublié jusque-là)

– Adapter cette quantité à la saison et à vos efforts physiques

– Pensez que la consommation de légumes et de fruits crus vous hydrate aussi

La température basale

Ce signe est observé pour la majorité des cas par les femmes ayant adopté une méthode de gestion autonome de la fertilité car la température est un paramètre entrant dans l’interprétation du cycle menstruel.

Pour faire simple, nous sommes des animaux à sang chaud et de ce fait notre organisme possède des mécanismes de régulation de la température corporelle. Cela permet de maintenir un niveau de température plus ou moins constant. Plusieurs facteurs peuvent influer sur la température interne comme un environnement très chaud (l’été ou au sauna par exemple) ou une activité physique intense (course à pied).

Ici nous parlons de température basale c’est-à-dire la température minimale du corps au repos. Nous nous en approchons lors de notre sommeil durant lequel les dépenses énergétiques sont (la plupart des cas) au plus bas. Là encore, certains facteurs peuvent modifier le niveau de notre température basale, qui correspond à notre activité métabolique de base. La progestérone par exemple va légèrement augmenter le métabolisme et donc le niveau de la température basale. C’est ce qu’observent les femmes qui gèrent leur fertilité car cette augmentation de température marque le passage de la phase folliculaire à la phase lutéale dans le cycle menstruel (si vous êtes intéressé(e) par la symptothermie moderne, lisez cet article sur le bon moment pour débuter).

Si vous ne remarquez pas ce « décrochage » de température avec un plateau bas et un plateau haut distinct, peut-être que vous manquez de progestérone. Dans ce cas plusieurs pistes :

– Vous subissez trop de stress, alors pensez à vous poser et prendre soin de vous : yoga, sophrologie, relaxation, méditation… La cohérence cardiaque a aussi démontré son efficacité pour lutter contre le stress. Elle peut être pratiquée facilement, accessible à tous, n’importe et gratuitement.

– Une cure de magnésium est très efficace pour calmer le stress

– Boostez la production de progestérone en incluant dans votre assiette des sources de bêta carotène : carottes bien-sûr mais aussi les légumes à feuilles vert foncé (épinards, brocolis,…)

Un autre facteur influence la température basale : la thyroïde. Cette glande endocrine gère le métabolisme de façon général dans notre corps. Or si à l’occasion de l’observation de votre température vous observez une courbe globale particulièrement basse ou au contraire particulièrement haute, il peut s’agir d’un premier signe d’hypothyroïdie ou d’hyperthyroïdie. Attention toutefois à ne pas tirer de conclusion hâtive : seul un médecin pourra poser un tel diagnostic après avoir complété par des vérifications cliniques et biologiques. Ceci dit, cette observation peut être un signal pour investiguer un peu plus loin.

Pour assurer une bonne fonctionnalité de la thyroïde, il faut cibler des sources d’oligo-éléments et de minéraux (iode, sélénium, zinc, magnésium), les sources de vitamines A et D seront aussi de la partie ainsi qu’un apport suffisant en acides aminés (tyrosine, méthionine, cystéine, glutamine).

Concrètement, on mange des fruits de mer, des crustacés, des algues, des œufs, des graines de courge, un peu de laitage, de la viande, des poissons gras… Une alimentation équilibrée et variée permet de répondre aux apports, c’est rassurant non ?

Ce qu’il faudra surveiller et gérer, c’est à nouveau votre niveau de stress, qui peut empêcher votre thyroïde de bien fonctionner.

Des signes plus subjectifs

Les fringales

Faites-vous partie de ces femmes qui tueraient pour une tablette de chocolat à l’approche des règles ?

Deux pistes peuvent expliquer ce phénomène.

La première est assez répandue dans l’accompagnement naturopathique depuis plusieurs années. Certains médecins tendent à inclure ce paramètre dans leur prise en charge récemment : la mycose récidivante à Candida albicans.

Le Candida albicans est un champignon naturellement présent dans notre flore intestinale et vaginale. Seulement à la faveur d’un facteur déclenchant (stress, prise d’hormones de synthèse, grossesse…) il se transforme et passe de la forme spore à la forme mycélium. C’est là que les dégâts commencent… Il se nourrit essentiellement de sucre et va envahir l’organisme sournoisement (car au début on ne remarque pas forcément les signes). Son appétit pour le glucose amène l’organisme lui-même à appeler à la consommation de ce carburant pour satisfaire notre envahisseur.

De plus le Candida albicans a une appétence pour la progestérone, ce qui explique la résurgence des signes (dont la fringale de sucre est la plus parlante) en phase lutéale.

La seconde piste peut être liée à la sécrétion d’hormone elle-même. Une étude a notamment mis en lumière que la progestérone pourrait stimuler l’appétit lorsqu’elle est sécrétée, donc au cours de la seconde phase du cycle. Les œstrogènes auraient l’effet inverse.

Vos fringales pourraient donc expliquer la présence d’une infection à Candida albicans ou bien un déséquilibre hormonal qui accentuerait la tendance physiologique “normale” de variation de l’appétit. Encore une fois, il s’agit de signe, comme des sonnettes d’alarme qui peuvent orienter vers une prise en charge médicale et/ou complémentaire.

En attendant, vous pouvez commencer à mettre en place certaines actions comme assainir votre microbiote intestinal (infusion de thym, propolis ou encore consommer de l’ail) qu’il faudra certainement compléter par une suppression temporaire de sucres ajoutés, histoire de faire comprendre à ce champignon qu’il n’est plus le bienvenu chez nous.

En cas de déséquilibre hormonal, le yoga reste la pratique reine pour équilibrer tous nos systèmes de façon naturelle et en utilisant vos propres capacités organiques. Et cerise sur le gâteau, il contribue à mieux gérer son stress (le stress fait partie des causes majeures de déséquilibre du cycle féminin, pour en savoir plus, lisez cet article)

Le Syndrome Prémenstruel (SPM)

On aborde un gros dossier ici. Cependant tenter d’expliquer en détail tous les mécanismes impliqués dans le SPM serait prétentieux en quelques lignes. Nous focaliserons donc sur un aspect assez méconnu de ce processus (sauf pour les femmes qui en sont victimes de façon accentuée et qui ont déjà fait des recherches sur le sujet).

Le syndrome prémenstruel désigne un ensemble de symptômes liés au cycle et ressentis le plus souvent en deuxième partie de cycle, de façon variable quant à la durée des symptômes selon les femmes. Les signes sont nombreux et classés en plusieurs catégories qui peuvent aller de signes très physiques comme la tension mammaire ou la constipation jusqu’à des ressentis émotionnels plus ou moins intenses (des sautes d’humeur à l’état dépressif).

Les cas les plus marqués ont même un nom : le syndrome dysphorique.

L’état dépressif pourrait s’expliquer par le lien entre les variations hormonales et la chimie cérébrale. Ainsi les œstrogènes auraient une influence sur la sécrétion de la sérotonine, un neurotransmetteur “du bonheur” qui induit la capacité à lâcher-prise, à se détendre. La chute des œstrogènes en phase lutéale expliquerait une baisse idoine de la sérotonine et vous avez du vague à l’âme…

La progestérone serait liée à une action anxiolytique et sédative. Sa chute juste avant l’arrivée des menstruations pourrait également être liée à cette irritabilité dont on affuble souvent les femmes, donnant lieu parfois à des remarques déplacées (vous voyez ce que je veux dire ?). Le manque de sérotonine se manifeste également entre autre par des envies sucrées, ça vous rappelle quelque chose ?

En tout cas, ces signes liés au syndrome prémenstruel peuvent vous interpeler et vous inciter à agir pour améliorer l’équilibre général de vos neurotransmetteurs afin qu’ils soient moins “sensibles” aux variations hormonales liées au cycle. Il est aussi possible d’agir directement au niveau hormonal s’il s’avérait que le déséquilibre viendrait de là.

Le framboisier (en gemmothérapie) est une plante de première intention qui peut contribuer à rétablir un équilibre peu perturbé.

Côté neurotransmetteurs, vous pouvez soutenir la production de sérotonine en pratiquant des sports d’endurance (vélo, course à pied…), en baissant votre consommation de sucres rapides et d’aliments salés. Les sources de tryptophane, à partir duquel notre organisme va produire de la sérotonine, se trouvent dans les céréales complètes et les légumineuses, en passant par les bananes ou les noix. Vous pouvez même vous accorder un carré de chocolat noir (minimum 70% de cacao) de temps en temps, il en contient un peu mais c’est surtout bon pour le moral avec tous les efforts que vous faites pour aller mieux !

Ce qu’il faut retenir

  • Le cycle féminin est un processus physiologique qui fait partie des mécanismes biologiques qui nous composent.
  • A ce titre, un déséquilibre de votre cycle peut être le témoin d’un déséquilibre plus général ou lié à un autre système de votre organisme.
  • Comprendre le fonctionnement du cycle permet de repérer les signes d’alerte
  • Vous devenez ainsi grâce à votre cycle actrice de votre santé

Avouez que ce sont de bonnes raisons pour voir votre cycle autrement, non ?

Pour aller plus loin ou découvrir d’autres aspects du cycle menstruel en rapport avec votre santé, je vous invite à visiter le blog 28 jours de la vie d’une femme.

Sources :

-Jean Claude Emperaire – Gynécologie endocrinienne du praticien ; Editions Frison-Roche.

-Erik Odeblad – La découverte des différents types de glaire cervicale et la méthode de l’ovulation Billings

-Dr Vincent Renaud – Candida albicans ; Editions  Alpen

-Changes in macronutrient, micronutrient, and food group intakes throughout the menstrual cycle in healthy, premenopausal women ; Anna M. Gorczyca, Lindsey A. Sjaarda, Emily M. Mitchell, Neil J. Perkins, Karen C. Schliep, Jean Wactawski‑Wende, Sunni L. Mumford ; Eur J Nutr. Author manuscript; available in PMC 2018 Nov 27. Published in final edited form as: Eur J Nutr. 2016 Apr; 55(3): 1181–1188. Published online 2015 Jun 5. doi: 10.1007/s00394-015-0931-0

-Inoue Y, Terao T, Iwata N, et al. Fluctuating serotoninergic function in premenstrual dysphoric disorder and premenstrual syndrome : Finding from neuroendocrine challenge tests. Psychopharmacology 2007;109:213-9.

-Schumacher M, Guennon R, Ghoumai A. Novel perspectives for progesterone in hormone replacement therapy with special reference to nervous system. Endocr Rev 2007;28:387-439.

Rachida
 

Je suis avant tout une femme, une épouse, une mère qui aime prendre soin de sa santé et de celle des siens. Je suis une passionnée de sciences et de bien-être. Biologiste, titulaire d’un Doctorat en Physiopathologies Humaines, j'aime partager mes connaissances et souhaite vous en faire profiter au travers de ce blog.

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