J’ai découvert la sophrologie au petit déjeuner du Club de la presse Auvergne, jeudi dernier. Cette séance initiatique a été dirigée par Madame Ravit-Verges, sophrologue et formatrice. Au-delà de la paix intérieure qui s’en dégage, le lien avec le monde de l‘entreprise m’a semblé évident. Apprendre à gérer son stress participe à se sentir mieux dans son travail.
Qu’est-ce que la sophrologie ?
Après le dépôt des enfants à la crèche et à l’école, je prends la direction du Club de la presse qui organise un petit déjeuner sur le thème de la sophrologie. Après m’être garé rue de la Selette, à quelques pas de la place Delille à Clermont-Ferrand, je rejoins le petit groupe réuni autour de la praticienne invitée, Christelle Ravit-Verges et la présidente du club, Sonia Reyne. Après un accueil chaleureux, elles m’invitent à prendre place dans l’assistance parsemée. Six femmes étaient déjà installées autour d’une table proposant café et viennoiseries. Je me rends compte que je suis le seul homme présent. La sophrologie, une discipline exclusivement féminine ?
Cette technique de développement personnel souvent évoquée dans les médias, prend ses racines dans la terminologie grecques sôs (« bien portant »), phrến (« conscience ») et logía (« étude »). Elle s’intéresse à l’étude de la conscience individuelle, dans une approche intégrant les phénomènes et l’historique de chaque individu.
Fondée en 1960 par le neuropsychiatre colombien Alfonso Caycedo, la méthode a d’abord été utilisée dans la préparation mentale liée au sport et à la performance (ski, tennis) avant de pénétrer progressivement de nos jours le domaine de la santé, notamment en cancérologie et en soins palliatifs comme soin de support.
La sophrologie, l’harmonie du corps et de l’esprit
La séance de sophrologie débute. Assis sur une chaise, les mains posées à plat sur les jambes, le dos bien calé contre le dossier, la sophrologue nous invite à fermer les yeux et à apporter une attention particulière sur notre respiration. « Une main sur les poumons pour sentir l’inspiration, l’autre main posée sur le ventre pour ressentir l’expiration ». Le ventre est en effet le fief de notre énergie corporelle.
Si cette méthode alternative n’est pas reconnue comme une thérapie efficace selon les autorités médicales en France, le nombre de patients montrent un profond engouement pour cette « gymnastique de la conscience ». La recherche de l’harmonie entre le corps et l’esprit s’appuie sur le retour en son intérieur, en utilisant la respiration, la relaxation dynamique et la visualisation.
Ainsi, le patient est conduit à passer d’un état d’hyper vigilance à une attention flottante dit « état alpha », recherchée pour atteindre la transe. « Attention, la transe au sens que je ne fais pas attention au feu rouge et je passe sans m’en rendre compte ». Une sorte d’ailleurs du moment.
Des maux physiques cachés jusqu’aux vertus du vécu collectif, en passant par la sensation de passer le balai sur les choses inutiles et le ressenti d’un bien-être… Le partage d’expériences livre des sensations diverses et ouvre sur des bénéfices multiples, à plusieurs niveaux.
La sophrologie au service de l’entreprise
Dans le monde de l’entreprise, un nombre croissant de salariés ressentent le stress ou sont en proie à de graves problèmes psychologiques (burn out), dorment mal et certains en arrivent même à mettre un terme à leur vie.
Ces souffrances, dont on ne sait pas très bien si elles relèvent de la personnalité et/ou du travail, génèrent un absentéisme et des arrêts maladies dont le coût est estimé à 20 Mds d’€ en Europe en 2010 !
Cette crise profonde du sens du travail pousse les institutions à légiférer pour prendre davantage en compte la sécurité, la santé et le bien-être du salarié et à prévenir les risques psychosociaux, les fameux RPS !
Au-delà même de la précieuse santé du salarié, l’intérêt socioéconomique de l’entreprise est mis en jeu.
Gestion de la pression, optimisation des postes de travail, management international et (inter)générationnel, amélioration des facultés de récupération et de la qualité du sommeil…
Dans une société où le culte de la performance est devenu anxiogène, voire même déshumanisant, empiétant sur la vie personnelle/familiale (ndlr : le droit à la déconnexion révèle la confusion des frontières), il devient urgent pour le salarié de mieux maîtriser son stress, retrouver la confiance en soi et la qualité de sa concentration. Se reprendre en main, prendre ses responsabilités pour mieux (re)définir sa place dans l’entreprise.
Si l’enjeu humain est capital pour la pérennité du développement de l’entreprise, les budgets trop souvent restreints n’autorisent pas une plus grande ouverture à cette pratique alternative.
Du fait de sa non reconnaissance, la médecine du travail préfère faire appel à la psychologie qui agit sur la tête, ou bien aux spécialistes de santé du corps comme les kinésithérapeutes, les rhumatologues… La tête et le corps sont rarement traités de concert, excepté chez le sophrologue.
Séance de sophrologie anti-stress
Par sa voix lente et sereine, la sophrologue donne les consignes. « Portez votre attention sur votre front… vos oreilles… votre nez… l’air qui entre et sort de votre bouche… votre cou… les épaules ». Après 20 minutes d’introspection sensorielle, tous les participants rouvrent leurs yeux dans un silence prolongé. Le relâchement s’est installé dans les corps et les esprits. Les tensions sont écartées… au moins le temps d’une journée.
Puisse le monde de l’entreprise s’y ouvrir davantage à l’avenir.