Comme Zidane, Jordan, Riner, Ali ou Parker ? Une fois passée l’admiration béate pour ces géants, nous avons tous en nous la capacité à devenir « champion ». Si cette quête d’excellence se nourrit tous les jours d’une volonté obsessionnelle de dominer, le défi consiste d’abord à se connaitre, grandir et se réaliser en tant qu’individu.
Un instant, quelques minutes ou plus, nous avons tous ressentis cette sensation abstraite, fugace d’être heureux, en phase avec la vie, la famille, les rencontres, les réalisations. Comme sur un nuage, à l’abri des turpitudes du monde… Cette aspiration au bonheur, tapie en chacun de nous, nous stimule au quotidien et justifie notre raison de vivre.
Agir sur soi pour être (plus) heureux
Pour le philosophe Frédéric Lenoir (auteur de L’âme du monde, Petit traité de vie intérieure…), le bonheur dépend à 50% de nos gènes, à 40% de notre condition personnelle (santé, comportements, réalisations, croyances…) et pour 10% de notre environnement (contexte, pays en paix/guerre, ville/campagne…). Autant dire qu’il existe des marges de manœuvre pour agir sur nous-mêmes.
Motiver pour s’accomplir dans la vie
Dans ce sens, la motivation nous permet d’agir dans une direction avec intensité, de poursuivre un but dans la durée. Souvent, une profonde douleur due aux circonstances de la vie (accident, décès, séparation…), l’influence de la petite enfance et la quête de reconnaissance d’un être cher (parent) sont à l’origine du bonheur. Et c’est parfait ! En effet, pour nous accomplir, il faut transformer nos pires épreuves en opportunités. Cette transformation nécessite une motivation soutenue.
Par exemple, ma maladie m’a fait prendre conscience de la chance formidable que j’avais de vivre cette vie, ma vie à moi en France, en bénéficiant de notre système de santé, d’être entouré de ma famille et d’amis fidèles, en pleine conscience de mon intégrité physique et psychologique… Cette prise de conscience vaut tout l’or du monde. Voir la beauté des autres et du monde, écouter le chant des oiseaux en ouvrant les volets, embrasser de tout mon cœur ceux que j’aime, marcher, courir, respirer…
Passer à l’action, c’est parfait
Dans la complexité de ses calculs, le champion réduit le temps de traitement des informations en faisant appel à des connaissances cognitives prêtes à l’emploi. Sur la base de son expérience, sa pratique, son entraînement, il automatise une action en réponse à une situation typique. Il analyse et traite des informations à partir d’une perception globale et sélective de la situation.
Nous sommes nous aussi capables de nous affranchir des contraintes d’exécution pour réaliser une action. Passer à l’action en connaissance de causes exige aussi de prioriser les informations pertinentes et de réagir en conséquence. L’intelligence situationnelle n’est pas exclusive au monde sportif. Fait est mieux que parfait !
Des opportunités, une plus belle histoire
Tout au long de notre vie, nous stockons des connaissances en mémoire (informations, situations, événements…). Nous utilisons les informations correspondantes quand nous rencontrons une situation similaire ou proche. Ancrées dans notre mémoire, ces informations sont ainsi réactivées pour adapter notre réponse dans une situation particulière.
Par conséquent, si nous associons nos actions et nos émotions passées à une image, une sensation positive, il nous sera plus facile d’aller chercher ce souvenir à bon escient. A contrario, un mauvais souvenir – ancré au plus profond de nous, quand il n’est pas refoulé- contribuera à perturber la réponse par rapport à la situation rencontrée. S’efforcer de voir le côté positif dans ce qu’il y a de plus négatif dans notre vie participera à nous faire écrire une plus belle histoire de nous-même.
Dans l’épreuve du cancer que j’ai traversée hier, je mesure bien mieux aujourd’hui l’importance de la santé, l’intérêt de faire attention à moi. Cela me pousse aussi à vouloir transmettre cette expérience aux autres. Inconcevable hier, je peux dire aujourd’hui que le cancer a été pour moi une opportunité révélatrice.
Se voir réussir et réussir
L’imagerie ou visualisation mentale est à l’origine un outil utilisé par les tennismen pour visualiser la gestuelle à mettre en œuvre pour mieux réussir. Dans le développement personnel, la sophrologie, la méditation s’en servent pour tranquilliser l’esprit dans la pleine conscience du moment présent. Visualiser positivement une action, échouée ou réussie, renforce l’estime de soi.
Une imagerie mentale déclenche l’activité du système nerveux et une activité psychique en relation avec les processus mis en œuvre lors de la réalisation réelle de l’action imagée. Si je vois que je réussis mon geste, il y a plus de chance que je le réussisse que l’inverse. Chaque individu produit ses propres images, développées seul et avec un ancrage affectif. D’où l’intérêt de transformer positivement les événements de notre vie.
Après une visualisation mentale de mon geste de tir au panier avant un match, j’ai été plus concentré et focalisé sur mon rôle et le but de mon action engagée pour l’équipe, j’ai marqué plus de paniers que d’habitude ! J’avais intériorisé l’idée de la réussite pour la réaliser concrètement. Ce qui ne gâche rien, mon équipe l’a emporté au final sur le terrain adverse. Vidé physiquement, mais rempli intérieurement…
Stress, inconfort et enjeu
Pourtant en proie aux mêmes frayeurs que nous (regard des autres, ego, peur de l’accident, infirmité, mort), le champion retourne les effets négatifs du stress en force positive. Le stress résulte d’un déséquilibre entre l’objectif et la capacité réel à l’atteindre.
Le stress entraine la libération d’adrénaline qui active le système nerveux sympathique. Il régule le fonctionnement du système neurovégétatif (pression sanguine, rythme cardiaque, respiration). La glycémie est détournée du système gastro-intestinal vers les muscles et autres parties du corps impliquées dans la réaction de défense. Le système parasympathique force les rythmes respiratoire et cardiaque à revenir à la normale. L’organisme reste en état d’alerte, utilisant les ressources en glucose pour produire l’énergie.
Dans cet état propice aux désordres (concentration, attention, réactivité, prise de décision), il est important de connaitre ses zones de confort et d’inconfort pour mieux prévenir les effets négatifs du stress.
D’autre part, la relation au stress dépend de la personnalité forgée dans l’enfance et renforcée par l’expérience. Être confiant en soi permet de mieux résister au stress. Positiver les conséquences de l’échec permet de mieux relativiser l’enjeu. Nelson Mandela disait : « Je ne perds jamais ! Soit j’apprends, soit je gagne. »
A l’instar des champions, nous pouvons développer un mode d’affrontement bien différent, une sorte de doping mental déterminant dans l’épreuve, basé sur la confiance en soi, le lâcher prise dans l’inconfort, la prise de risque calculé par rapport à l’enjeu, l’échec comme apprentissage du succès.
Aujourd’hui, nos expériences professionnelles passées nous ouvrent en réalité une formidable fenêtre créative sur une opportunité entrepreneuriale correspondant à nos valeurs. Si saisir cette chance relève de la prise de risque, cela n’exclut pas pour autant le danger. L’inconfort est source de progrès. L’entrepreneuriat est une forme de doping mental.
Modifier son niveau de conscience
L’état de grâce chez les sportifs de haut niveau, cet état de conscience modifié est pour Christine Le Scanff (auteur du livre La conscience modifiée), « un état second au cours duquel le sujet vit une profonde modification de son état ordinaire de conscience, de la perception de l’espace et de sa propre identité. »
Cet état de conscience est contrôlé par une formation nerveuse appelée formation réticulée qui régule le niveau de vigilance de l’individu, responsable des différents états mentaux (du sommeil profond l’hypervigilance).
L’état biologique de l’organisme modifie le fonctionnement du système nerveux et conditionne à son tour la relation psychologique au monde. De la même manière, l’état psychique va retentir sur l’organisme sous l‘effet du stress et des émotions via le système limbique pour moduler l’état de conscience et le comportement.
Cet état optimal ou « optimal flow » est difficile à atteindre et encore plus difficile à maintenir. Les conditions optimales sont réunies avec une intense pression, une émotion extrême.
Explications :
- Une forte augmentation des ondes gamma et une grande activité de la partie préfrontale gauche du cortex cérébral, siège des émotions positives, pourraient expliquer cet état. Les moines bouddhistes l’atteindraient pendant leur méditation
- La production d’endorphine et d’enképhaline, hormones inhibant la douleur et euphorisant
- L’émotion fixe durablement cet état modifié de conscience d’origine nerveuse et biochimique dans la mémoire, pour mieux le reproduire à conditions similaires (amorce)
Connais toi toi-même !
Passer à l’action, agir avec motivation dans la durée, s’écrire une belle histoire dans laquelle je me vois réussir, je réussis ou j’apprends, sortir de son cadre confortable pour faire des choses nouvelles, s’élever et atteindre un niveau de conscience supérieure ne sont heureusement pas réservés aux champions que nous admirons.
A notre échelle, nous avons la capacité de faire face seul, en nous mettant dans un environnement psychologique adéquat. Des techniques telles que l’imagerie mentale, la gratitude, la concentration, la résistance au stress, la formulation des buts démontrent le rôle central joué par le mental.
Pour le commun des mortels, ce mental reste à apprivoiser en ritualisant des actions, en routinisant sa préparation mentale, en développant sa résilience et sa détermination à réussir. Dominez vous, vous croiserez certainement le bonheur sur l’un de ses chemins…
Pour finir, nous vous offrons ici le guide pour vous aider à écrire un journal et des lettres de gratitude. Un premier exercice pour enclencher vos petits pas vers le changement…
- Référence : « Le mental des champions » Hubert Ripoll (éditions Payot et Rivages).